Scandale des fausses recommandations de livres générées par l’IA

Sommaire

Partagez cet article

En prélude de la période estivale, il est de coutume que des entreprises de presse généralistes ou culturelles partagent leurs recommandations de lectures.

Dans cet esprit, certains grands journaux américains ont publié leurs recommandations mais à la surprise du public, la plupart des titres sont fictifs.

Inventés par l’intelligence artificielle qui a servi apparemment à la rédaction de l’article.

Une erreur pareille est-elle acceptable venant d’une entreprise avec plusieurs employés ? 

N’y a-t-il pas eu vérification rigoureuse par la rédaction comme il se doit avant la publication de l’article ?

En ces temps, où nous avançons indubitablement vers une artificialisation de tout, comment distinguer le vrai du faux ?

Au cœur de ce fiasco médiatique, je m’interroge sur la place de l’IA dans la création de contenus culturels.

Une liste de lecture estivale truffée de livres fictifs

Tout commence lorsque le Chicago Sun-Times et une édition du Philadelphia Inquirer publient, le 18 mai 2025, une liste de livres à lire pour l’été. 

Parmi les auteurs cités : Isabel Allende, Percival Everett, Delia Owens, Taylor Jenkins Reid, Brit Bennett… 

Mais très vite, lecteurs et auteurs s’aperçoivent que la plupart des titres n’existent tout simplement pas !

Par exemple, Isabel Allende n’a jamais écrit Tidewater Dreams, présenté comme son « premier roman fiction sur le climat », et Percival Everett n’a jamais publié The Rainmakers.

Seulement 5 des 15 titres de la liste étaient authentiques, les autres étant des inventions pures de l’IA.

Comment une telle erreur a pu se produire ?

Liste des livres recommandés génerés par l'IA. Source de l'image ©404media.co Photo par ©404media.co

La liste, dépourvue de signature, provenait d’un contenu syndiqué fourni par King Features, une filiale du groupe Hearst Newspapers

Selon Victor Lim, directeur marketing de Chicago Public Media (maison-mère du Sun-Times), la rédaction n’a pas validé ce contenu, qui a été intégré à un supplément spécial intitulé « Heat Index: Your Guide to the Best of Summer » (source : NPR).

Le journaliste indépendant Marco Buscaglia a reconnu être à l’origine de la liste, précisant qu’elle avait été « en partie générée par intelligence artificielle », probablement via Claude. 

Il a publiquement assumé la responsabilité de cette erreur, expliquant :

« C’est une énorme erreur de ma part et cela n’a rien à voir avec le Sun-Times. Ils font confiance au contenu qu’ils achètent, et j’ai trahi cette confiance. Je suis responsable à 100%. »

Réactions : colère des lecteurs et inquiétude des professionnels

La révélation de la supercherie a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans les milieux littéraires.
Sur Reddit, un abonné s’exclame :

« En tant qu’abonné, je suis furieux ! À quoi bon payer pour un journal papier si c’est pour y trouver des saletés générées par l’IA ? »

Sur Bluesky, Kelly Jensen, autrice et ancienne bibliothécaire, déplore :

« Voilà l’avenir des recommandations de livres quand on démantèle les bibliothèques et qu’on supprime les professionnels qualifiés. »

Les journaux concernés ont publié des communiqués pour condamner l’usage de l’IA et promettre des enquêtes internes.

Une crise révélatrice des dérives de l’IA générative

Cette affaire illustre plusieurs problèmes majeurs :

  • L’IA générative est incapable de distinguer le vrai du faux et peut inventer des faits ou des titres avec un ton d’expert.
  • La précarité des rédactions : le Sun-Times venait d’annoncer que 20% de son personnel avait accepté des départs volontaires pour raisons budgétaires.
  • La dévalorisation du travail humain : alors que les bibliothécaires et critiques littéraires qualifiés sont de moins en moins nombreux, l’IA prend leur place… sans garantir la fiabilité de l’information.

     

Gabino Iglesias, auteur et chroniqueur pour NPR Books, souligne :

« Combien de critiques littéraires à plein temps reste-t-il aux États-Unis ? Très peu. »

Il ajoute en souriant :

« Payez les auteurs et nous écriront ces faux livres qui n’existent pas ! »

Pour aller plus loin

 

L’importance de l’expertise humaine

Ce scandale rappelle à quel point le regard humain est essentiel malgré l’IA.

L’expertise des bibliothécaires et des journalistes spécialisés sont essentiels pour garantir la qualité et la véracité des recommandations culturelles.

Pour des listes de lecture fiables, faites confiance aux professionnels… et méfiez-vous des hallucinations de l’IA !

Nos articles précédents

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire