La notion de lecteur modèle chez Umberto Eco

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La notion de lecteur modèle a été postulée par le sémioticien, écrivain et universitaire italien Umberto Eco dans son livre Lector in fabula.

Ce livre nous met face à plusieurs questions : et si l’auteur pouvait choisir le lecteur adapté à son livre au moment même de son écriture ?

Et si le lecteur n’était pas tel qu’on le conçoit ? Et si, il jouait aussi un rôle crucial dans la production du livre ?

C’est quoi un Lecteur Modèle ? Comment le construire ? Comment le choisir pour son livre en cours d’écriture ?

C’est à ces questions que tentera de répondre notre article d’aujourd’hui.

La notion de lecteur modèle chez Umberto Eco

1. Quel est le rôle du lecteur ?

Il y a des lectures qui vous bouleversent et renversent vos croyances comme un éclair qui frappe.

Cela m’est arrivé avec Lector in fabula, qui a complètement changé ma vision du lecteur et de la lecture.

Vous êtes-vous un jour posé la question du rôle du lecteur ? Moi oui. Et je pensais que ce n’était qu’un dévoreur passif.

Mais Umberto Eco nous présente une autre vision, à contre-courant de celle que nous avons communément.

Définissant un texte comme « une chaîne d’artifices expressifs qui doivent être actualisés par le destinataire », Umberto nous présente le premier rôle du lecteur : actualiser.

La lecture devient alors un décodage, au moyen de diverses manœuvres interprétatives, du message codé par l’auteur.

Se servant du schéma de Jacobson, la littérature devient alors un échange.

Une communication entre l’auteur qui est destinateur, le lecteur comme destinataire et le texte, l’objet à décoder.

Le texte étant pour lui « un tissu d’espaces blancs, d’interstices à remplir… ».

C’est au lecteur que revient donc cette fameuse tâche de combler tous ces vides.

2. Comment le texte prévoit le lecteur modèle ?

Cette notion se rapproche de la persona en marketing (profil fictif du client idéal), dressé en tenant compte de l’âge, la langue ou encore les centres d’intérêt.

Umberto martèle sur la nécessité de prendre en compte le concept de compétence.

Par compétences, il désigne l’ensemble des prérequis ou des connaissances supposément communes avec le lecteur.

Pour éviter de perdre son Lecteur Modèle, l’auteur devra lui laisser des indices à l’intérieur du texte.

3. Comment choisir le lecteur idéal ?

L’auteur devra émettre des hypothèses et formuler des réponses adéquates, adaptées à son Lecteur Modèle afin de le fédérer.

Ces hypothèses lui serviront dans la construction des indices qu’il parsèmera tout au long de son texte.

Cela dans le but de tenir le lecteur en haleine et rendre la tâche de reconstitution du tissu plus intéressante.

Un peu comme un puzzle à reconstituer pièce par pièce.

Imaginons un livre en français rempli des termes en langues étrangères que le lecteur ne connait pas.

C’est le cas de mon roman l’Invité au Goncourt.  

Ma co-auteure et moi avons émis l’hypothèse que notre lecteur modèle ne comprendra pas les tirades en langues congolaises.

Nous avons décidé donc d’accompagner chaque mot par sa définition.

« Prévoir son Lecteur Modèle ne signifie pas uniquement espérer qu’il existe, cela signifie aussi agir sur le texte de façon à le construire. », Lector in Fabula, chapitre 4

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