IA : Ecriture ou co-écriture ?

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Pouvons-nous parler d’écriture ou de co-écriture face à un poème, un scénario ou même un script produit par intelligence artificielle ?

La montée fulgurante des IA génératives a bouleversé toutes les sphères du secteur créatif et artistique. 

Les métiers de comédien, de vidéaste, d’écrivain, de musicien, de graphiste et j’en passe, se trouvent menacés.

Certaines maisons d’éditions comme Harper Collins se lancent sur l’entrainement d’IA génératives. 

Alors que cela choque plus d’un, des chaines de télévisions, des podcasts et même des films entiers propulsés par IA voient le jour.

Mais dans cet amalgame de révolutions, en tant qu’écrivain, une question m’a effleuré l’esprit : face aux textes produits par IA, faut-il parler d’écriture ou de coécriture 

Mais avant, et si on s’intéressait à l’écriture en elle-même ? A l’influence de l’IA sur celle-ci ? Et répondre enfin à notre question de départ ?

IA Ecriture ou co-écriture

1. L’acte d’écrire

Qu’est-ce qu’écrire ? Est-ce la simple action de poser des mots sur une feuille ou un écran ? Dans un sens, oui. 

Mais l’écriture dont nous parlons ici va au-delà de cet acte. 

Il inclue l’aspect intelligible de la créativité dans toute sa complexité ; la démarche artistique, la recherche du beau…

De escrire (v. 1050), du latin scibere, signifie premièrement « tracer des caractères » ou encore « composer une œuvre » (Dictionnaire historique de la langue française – Rey, Alain).

La seconde définition se rapproche de la réalité autour de laquelle nous débâtons dans cet article. 

Réaliser une œuvre de fiction ou non, requiert plusieurs ingrédients ; le temps, la planification, la passion, la patiente, la cohérence, la constance… 

Et pour avoir une œuvre présentable, pour ne pas dire parfaite, l’auteur peut produire plusieurs jets de son manuscrit.

D’ailleurs, Ernest Hemingway dira, qu’aucun premier jet, de quoi que ce soit, n’est parfait.

Pour moi, écrire c’est d’abord un acte de générosité et de courage. Courage d’embrasser la page blanche. Courage d’écrire, de récrire, de biffer, d’effacer, de reprendre son texte jusqu’au jet final. 

2. La co-éciture

La co-écriture ou encore écriture collaborative est la participation de deux ou plusieurs auteurs sur la création d’une œuvre.

C’est une expérience difficile et à la fois passionnante qui requiert une écoute attentive entre les parties prenantes. 

Petit à petit, au fil des discussions, des concessions et parfois des contradictions, l’œuvre se construit. 

Les deux plumes qui se rencontrent, se confondent et se fécondent dans une complicité hors pair, pour produire un texte homogène et univoque.

Mais cela requiert une discipline préétablie, car toute écriture collaborative se réalise, soit de façon :

  • Parallèle (chaque auteur a une tâche spécifique)
  • Coordonnée séquentielle (travail à tour de rôle, étape par étape) ou encore
  • Simultanée (réciproque).

La troisième manière me plait le plus, c’est celle dont je me suis servi sur L’Invité au Goncourt mon roman avec Laurence Kiehl paru en septembre 2024. 

Mais pour Plume terrorisée, avec Philigence FAYE, nous avons plutôt procédé à une écriture en parallèle. 

C’est un peu normal puisqu’il s’agissait d’un recueil de poèmes contrairement à L’Invité au Goncourt

Si je peux me permettre un conseil, lancez-vous. Tentez l’expérience. Avec internet, la distance n’est plus une contrainte. 

Pour la petite histoire d’ailleurs, des milliers de kilomètres me séparaient de mes co-auteurs au moment de l’écriture.

L’un à Dakar, l’autre en France, alors que moi j’étais au Congo. Cela n’a nui aucunement à notre collaboration.

3. L’IA et le monde du livre

Le monde du livre, tout comme les autres secteurs, n’a pas été épargné dans cette révolution de l’IA. 

Pleins de livres ont été produits, publiés et vendus sur des librairies en ligne. 

Les entrepreneurs du web ont vite crié à l’opportunités du siècle et ont inondé la toile. 

Il y a eu tellement de livres du genre que les plateformes ont été obligé d’ajouter la mention « créé par intelligence artificielle ».

Cela afin de ne pas pouvoir mettre dans un même moule tous les nouveaux livres publiés après le boom de l’IA. 

Avec le temps, plusieurs IA spécialisés cette fois dans l’écriture de livres uniquement ont été lancés. 

Je tais leurs noms dans cet article, mais toutes ces IA promettaient une chose : l’écriture d’un livre en tier en un rien de temps.

Cela va bouleverser le monde du livre, mais comme si cela ne suffisait pas, certaines maisons d’éditions vont commencer à s’intéresser à l’IA.

Harper Collins va proposer à ses auteurs 5000 dollars aux auteurs pour qu’ils offrent leurs livres afin d’entrainer des IA

Ces IA, sont les leurs ? Celles des autres entreprises ? Ils sont très mystérieux sur le sujet.

Mais la plupart des auteurs vont refuser cela, jugeant l’offre très insultante comme le dit cet article d’ActuaLitté.

Quoi qu’il en soit, je m’imagine que peut-être certains essais ont déjà été menés sur des livres des auteurs à leur insu.

En chine par exemple, une œuvre générée par IA (mais réécrite par l’auteur selon ses dires) a remporté un prix littéraire. 

Et aujourd’hui, il existe des maisons d’éditions qui publient exclusivement des livres 100% IA.

A cette allure, où dans un monde du livre où l’auteur se sentait déjà lésé, qu’en sera-t-il à l’ère de l’IA ?

4. Ecriture ou co-écriture ?

C’est une question un peu difficile à répondre de façon catégorique. Mais pour arriver à ma réponse, j’aimerais y aller avec d’autres questions. 

  1. Pour un livre produit par ou avec l’IA (tout dépend de celui qui parle), peut-on dire que la personne aux manettes est un écrivain ? Ou c’est l’IA ?
  2. Entre l’IA et son collaborateur, lequel mérite la casquette d’auteur ?
  3. L’écriture assistée par IA, a-t-elle une « âme créative » ?
  4. L’écriture assistée par IA, est-elle vraiment une ? Ou juste un plagiat, une réécriture ou une paraphrase ? (Tiens ce sera ça mon prochain article)
  5. Peut-on encore envisager la figure de l’écrivain si à l’avenir l’IA devenait un partenaire incontournable dans le processus créatif ?

Mais revenons à notre question de départ : s’agit-il d’une écriture ou une co-écriture ?

Je pense que oui ! Car l’œuvre qui jaillit de cette collaboration est le fruit d’une sorte de partenariat entre l’humain et la machine. 

L’homme donne les directives (le prompt), tandis que l’IA exécute. 

C’est une coécriture que je dirai artificielle, dites-moi ce que vous en pensez en commentaire.

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