Depuis l’essor fulgurant des intelligences artificielles génératives, Amazon KDP est inondé de livres créés par des machines.
Si la technologie permet à chacun de publier un ouvrage en quelques clics, elle soulève aussi de sérieuses inquiétudes : plagiat, qualité douteuse, détournement d’identité d’auteur…
Les dérives se multiplient, au point d’ébranler la confiance des lecteurs et des éditeurs. Enquête.

Une explosion de contenus générés par IA sur Amazon KDP
Avec l’accessibilité croissante des outils d’intelligence artificielle, la plateforme Amazon KDP est devenue un terrain fertile pour la publication de contenus automatisés.
De nombreux ouvrages générés par IA ont vu le jour, parfois sans mention explicite de leur origine non humaine.
Pour y remédier, les entreprises du GAFAM ont exigé que soit ajoutée la mention « créé par IA », afin de protéger les œuvres authentiques.
Mais ces livres, parfois bâclés et remplis d’erreurs, s’infiltrent dans les recommandations automatiques d’Amazon.
Cela pose le problème non seulement en matière de qualité, mais aussi de confiance pour les lecteurs.
Des auteurs victimes de détournements par l’intelligence artificielle
Le comédien et auteur Rhys James, dont le livre doit paraître le 16 août chez Wildfire, a récemment dénoncé sur TikTok.
Il a remarqué qu’un ouvrage manifestement généré par IA et de piètre facture était recommandé sous le sien.
Dans la vidéo datée du 30 juillet, il explique qu’il a failli acheter l’un de ces titres par erreur, en raison de la similarité des titres et des mots-clés utilisés.
Ces faux livres, souvent accompagnés de couvertures créées par IA, reprennent des éléments très proches des publications originales.
Ce fut aussi le cas de l’autrice Bradbury, dont le livre Walk Yourself Happy a été copié et dérivé en une version IA titrée Hack Yourself Healthy, annoncée pour septembre 2025.
Même constat pour Leo Varadkar, dont l’autobiographie à paraître a été imitée par un faux livre IA : LEO VARADKAR: The Rise, the Fight, the Silence — What Power Never Shows You.
Autant de dérives inquiétantes relevées par le média spécialisé The Bookseller.
Les conséquences pour les lecteurs et les éditeurs
Dan Conway, CEO de la Publisher Association, alerte sur la perte de confiance des consommateurs face à ces faux ouvrages qui se multiplient sur Amazon.
Ces pratiques entraînent une perte financière directe pour les éditeurs, mais surtout une érosion de leur crédibilité.
Sur le long terme, c’est l’ensemble de la chaîne du livre qui pourrait en pâtir.
Au-delà de la fraude, ces pratiques interrogent : pourquoi investir du temps et du cœur dans l’écriture, si une IA peut ensuite imiter et parasiter ce travail en quelques secondes ?
Chaque livre porte en lui une part de l’âme de son auteur, ce que les intelligences artificielles ne peuvent que reproduire, sans vraiment le ressentir.
Les réponses d’Amazon face à la montée des contenus IA
Amazon a réagi en affirmant avoir investi dans des outils capables de détecter les ouvrages qui enfreignent les conditions générales d’utilisation.
La plateforme met également à disposition une fonctionnalité de signalement (report an issue) permettant aux utilisateurs de notifier un contenu problématique.
En outre, plusieurs mesures sont progressivement mises en place, notamment une vérification d’identité renforcée au Royaume-Uni pour tout nouvel auteur sur KDP.
Objectif : limiter la prolifération de contenus frauduleux ou automatisés non déclarés.
Quel avenir pour l’édition à l’ère de l’intelligence artificielle ?
Si aujourd’hui les textes générés par IA sont jugés froids ou sans émotion, il n’est pas exclu que les algorithmes finissent par intégrer une imitation des sentiments humains.
Ce progrès pose une nouvelle question éthique : où commence l’originalité, où finit la copie ?
Face à ces bouleversements, certains éditeurs envisagent la création d’un label garantissant des ouvrages « 100 % humains ».
Un gage de qualité et d’authenticité, alors que la frontière entre humain et machine devient de plus en plus floue.